
Assurance emprunteur en CDD ou en freelance : ce qu’il faut savoir avant de souscrire
L’accès au crédit immobilier est souvent perçu comme un parcours semé d’embûches pour les personnes en CDD, les auto-entrepreneurs ou les freelances. Pourtant, la précarité supposée de ces statuts ne reflète pas toujours la réalité économique des emprunteurs concernés. Pour sécuriser leur projet immobilier, ils doivent non seulement convaincre la banque, mais aussi souscrire une assurance emprunteur adaptée à leur situation.
Cette assurance est exigée dans la grande majorité des cas par les établissements bancaires, car elle garantit le remboursement du prêt en cas de décès, d’invalidité, voire de perte d’emploi. Toutefois, les conditions d’acceptation peuvent être plus strictes pour les personnes en situation professionnelle dite « non classique ». On vous aide à comprendre les enjeux spécifiques liés à l’assurance emprunteur lorsqu’on est en CDD ou en freelance.
- Publié le 8 août 2025
- Clemence Mouren
en 3min max !
Pourquoi l’assurance emprunteur est-elle un enjeu pour les profils non salariés ?
L’assurance emprunteur joue un rôle clé pour obtenir un prêt immobilier quand on est en CDD ou freelance. Elle rassure les banques sur votre capacité à faire face aux aléas de la vie. Pour les personnes en CDD ou indépendantes, ce point devient souvent une friction dans leur dossier.
Les exigences des banques pour les CDD et indépendants
Les banques évaluent le risque d’un crédit sur deux piliers : la capacité de remboursement et la stabilité professionnelle. L’organisme prêteur peut refuser votre dossier ou exiger des garanties supplémentaires si vos revenus semblent insuffisants ou trop irréguliers.
Pour les personnes en CDD, la difficulté vient du caractère temporaire du contrat. Les banques perçoivent souvent l’absence de CDI comme une incertitude sur le long terme, même avec des revenus réguliers. Certaines font preuve de souplesse si le CDD est long, renouvelé plusieurs fois, ou dans un secteur porteur (enseignement, santé, informatique).
Pour les freelances, chaque établissement applique des critères différents. Les banques examinent attentivement l’ancienneté de l’activité, la stabilité du chiffre d’affaires et la régularité des missions. Un indépendant avec trois ans d’activité et un revenu stable obtient généralement un meilleur accueil qu’un freelance débutant.
La notion de risque perçue par les assureurs
Au-delà de la banque, l’assureur évalue le risque d’impayé lié à votre santé ou votre situation professionnelle. Les assureurs considèrent souvent les profils non salariés comme plus « risqués » car moins protégés par les dispositifs classiques (indemnités journalières, chômage).
Cela peut se traduire par :
- Une majoration des cotisations
- L’exclusion de certaines garanties
- Ou dans certains cas, un refus de couverture
Heureusement, les évolutions législatives comme la loi Lemoine ont renforcé le droit à l’assurance pour tous. Ces lois facilitent la résiliation et la délégation d’assurance. Ces droits s’avèrent particulièrement utiles pour les indépendants ou les salariés en CDD qui souhaitent comparer les offres.
Les garanties essentielles à souscrire quand on est freelance ou en CDD
Souscrire une assurance emprunteur implique de choisir des garanties couvrant les principaux aléas de la vie. Certaines garanties méritent une attention particulière pour les personnes en situation professionnelle non standard.
Décès, invalidité, perte d’autonomie : ce qu’il faut comprendre
La garantie décès est systématiquement exigée par les banques. Elle assure le remboursement du capital restant en cas de décès, protégeant ainsi les co-emprunteurs ou les héritiers. Elle s’applique à tous les profils, indépendamment du statut professionnel.
La garantie perte totale et irréversible d’autonomie (PTIA) concerne les cas les plus graves. Elle s’applique quand vous ne pouvez plus exercer d’activité rémunérée et nécessitez une assistance quotidienne. Cette garantie figure généralement dans tous les contrats, quel que soit votre statut professionnel.
La garantie invalidité permanente totale (IPT) couvre les situations où vous êtes déclaré inapte à exercer toute activité rémunérée. Pour les freelances, l’évaluation peut se révéler plus complexe car elle dépend de la nature exacte de l’activité. Lisez attentivement les conditions de reconnaissance de l’invalidité dans le contrat.
La garantie incapacité temporaire de travail (ITT) pose plus de difficultés pour les non-salariés. Son application dépend de votre capacité à justifier un arrêt de travail et ses conséquences financières. Certains assureurs montrent plus de réticence à accorder cette garantie aux freelances ou imposent des conditions plus strictes.
Peut-on souscrire la garantie perte d’emploi en tant que travailleur en CDD ou en freelance ?
La garantie perte d’emploi reste généralement réservée aux salariés en CDI. Elle couvre une partie des mensualités si vous êtes licencié. Malheureusement, les personnes en CDD et les indépendants en sont souvent exclus, car ils ne bénéficient pas du même régime de protection contre le chômage.
Certaines compagnies proposent des garanties spécifiques pour les indépendants, mais ces offres restent rares, coûteuses et souvent peu avantageuses en raison des nombreuses exclusions. Un freelance ou un salarié en contrat précaire souscrit donc rarement cette garantie.
En revanche, un capital de sécurité personnel ou une épargne de précaution peuvent jouer un rôle similaire en cas de perte de revenu temporaire. Ces solutions peuvent rassurer la banque lors du montage de votre dossier, même si elles ne remplacent pas une garantie d’assurance.
Comment optimiser son dossier d’assurance emprunteur pour obtenir une couverture adaptée ?
Face à des conditions de souscription plus strictes, les freelances et les salariés en CDD doivent faire preuve de transparence et de stratégie. Une bonne préparation du dossier augmente vos chances d’obtenir une assurance emprunteur dans des conditions favorables.
Justifier ses revenus et sa stabilité professionnelle
Les assureurs cherchent à évaluer le niveau et la régularité de vos revenus. Si vous êtes en CDD, mettez en avant la continuité de vos contrats et les périodes sans interruption. Les attestations d’employeur, les bulletins de salaire et les contrats récents constituent des pièces importantes dans votre dossier.
Pour les freelances, nous conseillons de fournir :
- Les bilans comptables des trois dernières années
- Les avis d’imposition
- Un récapitulatif de chiffre d’affaires mensuel
- Si possible, des lettres d’engagement clients ou des contrats en cours
Les assureurs apprécient une activité indépendante de plus de deux ans, avec un chiffre d’affaires stable et une clientèle diversifiée. Certains assureurs spécialisés dans les professions libérales ou les TNS peuvent offrir des conditions plus adaptées.
Comparer les offres et faire jouer la délégation d’assurance
Depuis la loi Lagarde en 2010, renforcée par les lois Hamon, Bourquin et Lemoine, vous pouvez choisir librement votre assurance emprunteur. Il suffit qu’elle offre des garanties équivalentes à celles exigées par la banque.
C’est ce qu’on appelle la délégation d’assurance. Elle vous permet de solliciter des assureurs alternatifs, souvent plus souples sur l’évaluation du risque professionnel.
Nous recommandons de comparer plusieurs offres en vous concentrant sur :
- Le taux d’assurance proposé (en % du capital emprunté)
- Les garanties incluses (et leurs exclusions)
- Les délais de carence et de franchise
- La clarté des conditions de mise en œuvre
Lisez attentivement les conditions générales et particulières pour vérifier que les cas spécifiques sont bien couverts.
L’importance de se faire accompagner par un courtier spécialisé
Pour les emprunteurs en CDD ou les travailleurs freelances, un courtier spécialisé dans les profils « atypiques » peut considérablement faciliter vos démarches. Ces professionnels connaissent les assureurs les plus souples et savent quels éléments les rassurent. Ils vous aideront à monter un dossier solide et crédible.
Faut-il envisager une quotité partielle en cas de co-emprunt ?
Dans le cas d’un emprunt à deux, où l’un est en CDI et l’autre en freelance ou en CDD, pensez à moduler la quotité d’assurance.
Plutôt que de souscrire chacun 100 % du capital emprunté, répartissez la couverture différemment : par exemple 70/30 ou 80/20, selon la capacité de remboursement de chacun. Cela permet à l’assuré le plus « stable » d’assumer une plus grande part de la couverture. Étudiez cette option avec un conseiller spécialisé.
Les clés d’une souscription réussie en CDD ou en freelance
Souscrire une assurance emprunteur en CDD ou en freelance reste tout à fait possible. Cette démarche nécessite une approche rigoureuse et bien documentée. Le statut professionnel n’est plus un frein absolu, mais il implique une analyse plus fine de votre dossier.
Les clés pour réussir ?
- Préparez soigneusement votre dossier.
- Comprenez bien les garanties proposées.
- Comparez les offres grâce à la délégation d’assurance.
En procédant ainsi, vous accéderez au crédit immobilier avec une couverture solide, adaptée à votre réalité professionnelle.
Ça assure est à votre écoute !
